À trois, deux, un, go!

À trois, deux, un, go!

Je positionne mes mains sur la barre au sol, largeur des épaules. J’ai mis de la craie sur toute la hauteur de mes mains, pour me donner une prise solide. Alors que je pousse le sol avec mes jambes, je ramène la barre vers mes hanches et enchaîne un saut vers le haut. Je tire ensuite la barre vers mes épaules pour la recevoir les genoux légèrement fléchis et les coudes bien en avant de moi. Dès que la barre est soutenue par mes mains, je continue la descente pour avoir les fesses sous les genoux et je remonte pour être complètement vertical. La mini explosion créée par mes hanches poussera la barre vers le haut, pour terminer sa course totalement au dessus de ma tête, les bras en pleine extension. Ce sera la première répétition.

Sans avoir à reposer la barre au sol, je répéterai ce mouvement une deuxième fois, puis une troisième. Après la cinquième, les cuisses se gonflent, après la dixième, mon coeur commence à se débattre. Puis, la quinzième qui causera un doute. La sensation de chaleur dans mes jambes me dit que je dois arrêter, mes avant-bras aussi, se sentent un peu jaloux. Cependant, le mental qui fait partie de cette course, est juste assez têtu pour nous convaincre de continuer, jusqu’à 21.

Lorsque complété, un virage de 90 degrés vers la gauche, trois pas plus loin sont suivis d’un petit saut. J’agrippe une autre barre, au-dessus de ma tête. En me tirant vers l’avant, je crée un tirage qui me ramène vers l’arrière et qui me permettra de me soulever et d’amener mon menton au-dessus de la barre. En penchant ma tête vers l’arrière, j’arrive à esquiver la barre et à continuer mon mouvement circulaire, qui me permettra d’enchaîner un deuxième cercle, puis un troisième. C’est un peu le même scénario qui se répète avec mes avant-bras, leur niveau de satisfaction se détériore à chaque répétition. Ironiquement, les muscles du dos s’y mettent aussi et tranquillement, ils donnent moins l’autorisation de remonter, jusqu’à la barre. Mais le temps continue et les répétitions se cumulent pour s’arrêter à 21, elles aussi.

Ce duo de mouvements se répète à nouveau, pour compléter une ronde de 15, puis une autre de 9. C’est une course contre la montre, tout ce combo doit s’exécuter le plus rapidement possible. C’est un test, un “benchmark”, un des plus vieux. La série de 15 est la pire, le doute s’installe après la cinquième répétition, mais d’avoir à reposer la barre par terre et de la reprendre est pire que de la garder dans ses mains, alors on continue, à avoir mal. Dans la ronde de 9, c’est tout en même temps, dès la première, qui s’oppose, mais comme c’est la fin, la motivation l’emporte.

Sa première prescription remonte à novembre 2004, sous le nom de “Fran”. Aujourd’hui un des plus populaires des “originals six”, qui vise la très haute intensité de travail. Sans aucun doute, très intense, peu importe le temps nécessaire pour le compléter, si la fréquence cardiaque de l’hôte n’est pas totalement dans le tapis, il est clair que son but n’a pas été atteint.

Les premières fois, lorsque les mouvements ne sont pas totalement acquis, le physique est limitant, puis, avec l’entraînement, c’est le mental qui devient un noeud. Après cette étape temporaire, il ne reste qu’à retrancher des secondes pour toujours arriver plus rapidement à la dernière répétition.

Je ne sais pas ce que Greg anticipait lorsqu’il a mis l’épreuve en place, mais maintenant dominée par une très grande majorité, des cousines sont nées, offrant plusieurs variantes pour toujours un peu plus de plaisir. Dans sa vidéo, il explique sa démarche et pourquoi il l’a mis sur pied.

Bien que je ne conseille à personne de se rendre à l’état extrême de Greg, je conseille tout de même de faire le test et de sentir l’intensité envahir tous vos membres corporels. Avec une adrénaline dans le tapis, des jambes endurcies et des avant-bras éclatés, il s’en suivra peut-être d’une fierté bien ressentie.

C’est certainement un des wods qui m’a le plus joué dans la tête, peut-être à cause de sa réputation, peut-être à cause de sa nature. Vous, en avez-vous un qui vous paraît “pire” que les autres?

Pascal Lalonde

Mon histoire est banale, je n’ai rien d’un film hollywoodien et lorsque je m’expose au soleil, ma peau ne brille pas. Je suis un gars ordinaire. Je suis fier membre chez C2 depuis le début de son existence et j'espère pouvoir vous accrocher, autant sinon plus que moi à son image.