En toute conscience

En toute conscience

C’est l’hiver, je sors du lit, il fait noir. Je marche vers mon frigidaire et je m’étire pour allumer la lumière. En les allumant, mes yeux se ferment un peu, ils ne sont pas tout à fait prêts. Je me sens un peu brusqué, mais je sais pourquoi je le fais. Oui, je le sais. À une autre époque, je sortais du lit, parce que je devais me lever pour aller travailler. Je n’étais pas à la course comme tel, mais aucune minute ne pouvait être gaspillée. Plutôt que d’en avoir 15, j’en ai maintenant 90. Je n’en ai pas vraiment besoin de toutes ces minutes, c’est amplement suffisant pour tout faire. Par contre, c’est pour deux raisons que je me donne tout ce temps. La première, c’est de me préparer à manger mon déjeuner, en pleine conscience et la deuxième, c’est pour me permettre de démarrer ma journée avec un niveau de stress réduit.

Manger en pleine conscience?

Je sélectionne mes légumes et mes oeufs que je place sur le comptoir, à côté de ma planche à découper. Étant donné que je viens de me lever, j’ai les yeux encore fatigués, l’odeur des légumes envahi mes narines en les coupant et je porte une attention particulière à chaque tranche que je coupe pour m’assurer que je n’y laisse pas un morceau de doigt. Le son que fait mon couteau sur ma planche est constant, c’est moins agressant. Bien entendu, chaque légume occupe son propre corridor, tout est bien trié. Pendant ce temps, mon gras qui est dans ma poêle se réchauffe, fin prêt à saisir les tranches.

Pendant la cuisson, l’odeur change, les sons aussi, ce que j’entends, c’est le pétillement du gras et des légumes et ensuite, les oeufs qui bouillonnent. Lorsque c’est presque prêt, j’intègre un peu de sel et de l’origan. Quelle odeur… 

Je verse ma préparation dans un bol, je me prépare quelques noix et je m’assois à table. Mon nez est encore plus proche de mon déjeuner. Je salive à l’idée de ma première bouchée et lorsque je me gâte avec l’explosion de saveurs qui suit, je fais le plein de satisfaction. Mon déjeuner est gros, j’ai beaucoup de bouchées à prendre, généralement le travail se complète autour de vingt minutes.

Ces vingt minutes, je les passe à manger, à mastiquer, tout le reste peut attendre, j’ai du temps. Ce que je mange pour ce repas, je le fais pour mon corps seulement, pas pour ma tête. Donc, étant donné que je le fais pour lui, j’élimine tout ce qui ne lui serait pas utile. Il y a deux aspects que j’ai décidé de prioriser, le premier, c’est ma santé et le deuxième, la suffisance. La santé, c’est tel que tel, pas besoin d’attendre d’être malade avant d’y penser, mais la suffisance par contre, c’est différent pour tout le monde. Je bouge beaucoup et je me plais à bien performer, je dois donc ingurgiter assez de nutriments pour égaler ce que je veux dépenser.

C’est aussi laisser tomber la variété, c’est pas mon corps qui cherche la variété, c’est ma tête. Bien que c’est toujours possible de changer, le principe, c’est de penser à mon corps avant mon “moi”, de prioriser le physique avant le mental.

Manger en pleine conscience, c’est savoir ce qu’on mange, comment on le mange et surtout pourquoi on le mange. Vos raisons seront différentes des miennes, ce n’est pas ce qui est important, par contre, c’est important de les identifier.

Savoir ce qu’on mange, c’est accepter le contenu, qu’il soit bon ou mauvais pour vous. Si vous manger votre repas en vous sentant coupable, vous n’êtes pas dans la bonne direction.

Savoir comment on le mange, c’est se rappeler que la digestion passe par la mastication et que les aliments mal mastiqués sont plus coûteux à digérer. Il y a plusieurs éléments qui peuvent faire en sorte que vous ne mastiquiez pas adéquatement vos bouchées, comme regarder la télé, lire en même temps, ou même simplement le stress à penser à votre quotidien.

Savoir pourquoi on le mange, c’est simplement avoir la capacité d’admettre que je me paie la traite avec mon restaurant, mon chocolat ou parce que je veux répondre à d’autre besoins. C’est aussi d’éviter la mécanique de manger et d’avoir un but.

C’est un processus à long terme, comme bien des choses, pour commencer, j’ai choisi le déjeuner, je trouve que c’est le meilleur moment et surtout le plus profitable pour moi, pour bien démarrer ma journée. C’est une bouchée à la fois qu’on y arrive, l’important, c’est de commencer.

Pascal Lalonde

Mon histoire est banale, je n’ai rien d’un film hollywoodien et lorsque je m’expose au soleil, ma peau ne brille pas. Je suis un gars ordinaire. Je suis fier membre chez C2 depuis le début de son existence et j'espère pouvoir vous accrocher, autant sinon plus que moi à son image.