Plus grands que nature?

Plus grands que nature?

Tout petit, je les voyais grands, très grands, plus grands que nature. Leur présence était totalement virtuelle, dans la télé, sur un poster, un dépliant. Cette distance a fait en sorte que je les ai classés dans un groupe à part. Quand les grands en parlaient, ils étaient aussi hors normes, spéciaux, chanceux et surtout, hyper-qualifiés. Cette étiquette qui leur est collé fait d’eux, des mythes.

Un mythe est une construction imaginaire qui se veut explicative de phénomènes cosmiques ou sociaux et surtout fondatrice d’une pratique sociale en fonction des valeurs fondamentales d’une communauté à la recherche de sa cohésion. Wikipédia

Ils ne sont qu’images, histoires et anecdotes. C’est pour la plupart grâce à leurs accomplissements qu’on en parlait, car tout le reste, mes oreilles d’enfant l’ont filtré. Encore aujourd’hui, je jongle avec la définition, avec le “qui” et le “pourquoi”, même le “comment” n’est pas clair dans ma tête.

De ma vie d’enfant, je n’ai pas été en contact avec cette classe d’humain, pour le plus proche que ça aurait pu être, c’était pour des autographes, ou sur leurs terrains de jeux respectifs alors qu’on achetait des billets pour le spectacle qu’ils nous offraient.

Qui sont-ils donc? Ces surhumains, ceux qu’on idolâtre et qu’on surnomme: Athlète.

J’ai souvent eu de belles discussions autour du sujet, à essayer de dresser un portrait, des critères… Mais la réalité, c’est que c’est un sujet qui mène à des débats, sociétalement intense.

Dans les catégories d’arguments que j’ai entendu:

  • Le mérite
  • La paie
  • Les capacités
  • Le mental
  • Les intentions

Ce que le Larousse nous dit:

Personne qui pratique un sport (en général un sport individuel, l’athlétisme) : Un athlète complet.

Personne dont la musculature est très développée et qui est de constitution robuste : Un corps d’athlète.

Sans même ouvrir le débat, le deuxième invalide déjà le premier, donc, première chose qui me vient en tête, c’est le marathonien, qui pour avoir le succès qu’il a, n’a pas une musculature très développée. Pour sa part, Wikipedia n’a pas de définition, il renvoie à “Athlétisme”, qui est un ensemble de disciplines plutôt que la définition d’une catégorie de “dividu”.

Le mérite

Une catégorie complètement subjective que je ne me permets pas d’inclure dans le débat, mais qui fait vivre beaucoup de Jean-Guy ou de Cécile. Il y a régulièrement deux opposés qui sont totalement émotifs et qui redirigent la plupart du temps aux autres catégories.

  • Jean-Guy: “Elle le mérite, elle a travaillé tellement fort”.
  • Cécile: “C’est un gros jambon, il ne mérite pas d’être là”.

Le mérite se quantifie plutôt difficilement et lorsqu’il est calculé, il subit généralement des vents politiques, des lobbys. Prenons en exemple, La voix… Ou pas…

La paie

Deux perspectives. La première c’est de dire qu’ils reçoivent une paie pour pratiquer leur sport, c’est donc des athlètes de haut niveau. Et pourtant, recevoir de l’argent en échange ne fait que souligner le fait qu’ils soient considérés des professionnels. Suis-je un athlète dans mon domaine professionnel? Doit-il être de nature sportive?

On associe donc directement le fait qu’un individu soit payé au fait qu’il soit athlète.  La deuxième, c’est le prix qu’on paie pour aller voir le show. Dès le départ, avec un prix d’entrée, on se convainc qu’ils font partie de la catégorie. Qu’on passe d’un club sportif, par le Cirque du Soleil, aux matchs de tournois Peewee à 3$.

  • Jean-Guy: “Au chèque qu’il reçoit à chaque semaine, il est mieux d’être bon.”
  • Cécile: “Fie-toi sur moi, si je me faisais payer le même prix pour m’entraîner comme lui, je serais aussi bon, sinon plus.”

Les capacités

Nous ne sommes pas scientifiques, cependant, notre capacité de comparaison est phénoménale. Généralement, par le biais d’une victoire, d’un classement ou d’une quantification directe en lien avec une / des performances.

  • Jean-Guy: “Il a fini premier, il doit être pas pire.”
  • Jean-Guy: “Le gars squat 500 lbs, tasses-toé de d’là.”
  • Cécile: “À la vitesse qu’elle court, j’ai même pas le temps de finir mon café.”
  • Cécile: “Cligne pas des yeux, tu vas manquer le show.”

Le mental

Un peu comme les capacités, le mental se mesure, on peut trouver beaucoup de documentation sur l’attitude des athlètes. Souvent cité comme étant celui qui fait la différence. Souvent accompagné de tous les signes non-verbaux. Avoir un “meilleur” mental fait partie de ce que c’est d’être un athlète. Souvenez-vous du monologue de Bob, sur “la dureté du mental”.

  • Jean-Guy: “Regardes-y les yeux, y sortira pas de là.”
  • Cécile: “L’as-tu vu, il a l’air tellement confiant.”

Les intentions

Aspect qui tombe plus personnel aux gestes, aux valeurs, au “pourquoi”. Tout ce qui est en lien avec la démarche, la justification de la méthode.

  • Dude: “Je le fais pour me classer”
  • Dudette: “Je ne veux pas me faire battre”
  • Dude: “Je veux devenir le meilleur”
  • Dudette: “J’en veux plus, je veux pas rester là”

Le débat

À la fin, c’est un titre bien éphémère. Le débat est complexe. Que doit-on dire d’une personne “ordinaire” qui court son 5 km tous les matins? Du papa qui va au gym et qui squat son 300 lbs. Les points de comparaison sont quasi illimités et pourtant, on s’obstine encore à déterminer des balises. Je ne peux pas conclure sur le sujet, par contre, je peux être fier du sport que je pratique grâce à ses termes.

Tous les sports se pratiquent à tous âges, par contre, ce que je prends le temps de souligner, c’est qu’il est possible de continuer de compétitionner, de s’entraîner ou d’être inclus dans ce que représente le Crossfit. Il n’y a pas de critère de rétention dans le groupe. On retrouve des regroupements logiques qui permettent de garder un but à tous les niveaux, qu’il soit en termes d’intégration ou en termes de compétition.

On a peut-être tendance à oublier l’être humain derrière l’étiquette, ces pères, mères de familles. Ces jeunes femmes, jeunes hommes en préparation de carrière “post-athlète”. Peut-être deviendront-ils des professeurs, des médecins, des serveurs, chauffeurs de camions, agriculteurs. Cette constante recherche de libellés nous fait peut-être dévier des bases, des valeurs plus profondes?

Hypothétiquement, peut-être que le mot devrait être abandonné ou aboli, après toute cette réflexion, il m’apparaît totalement galvaudé. Je propose d’inclure tous ceux qui ont le simple culot de traverser le cadre de porte du gym, de se changer et de participer aux cours. On pourra toujours classer les athlètes comme on le voudra, mais tant qu’on sera tous dans le même bateau, on pourra continuer d’en jaser.

À vos shorts Athlètes!

Pascal Lalonde

Mon histoire est banale, je n’ai rien d’un film hollywoodien et lorsque je m’expose au soleil, ma peau ne brille pas. Je suis un gars ordinaire. Je suis fier membre chez C2 depuis le début de son existence et j'espère pouvoir vous accrocher, autant sinon plus que moi à son image.