Dis-moi ce que tu manges, je te dirai d’où tu viens

Dis-moi ce que tu manges, je te dirai d’où tu viens

Crédit Photo

Dans ma dernière publication, je vous décris les différentes relations qu’on a établies avec notre alimentation et je me lance à vous décrire la démarche dans laquelle je suis chaque jour pour entretenir “mon arbre” le plus sainement possible. Par contre, avant de me lancer dans le vif du sujet, je me dois de vous faire un portrait d’où je viens, sinon, je vais vous donner un argument de plus pour me catégoriser dans les “bizarres”, même si c’est déjà fait…

Voyageons dans le temps, de quelques années. Cette année-là, on a du Huey, Maroon 5, Rihanna, Mika et Linkin Park au top 100 des hits musicaux. Le canadien de Montréal a comme entraîneur, Guy Carbonneau et Saku est le fier capitaine. On est en 2007.

La routine

On est vendredi, c’est un matin comme tous les autres où je me fonds dans la masse. Même routine à tous les jours, je mange mon petit déjeuner rapidement, j’ai 30 minutes entre le moment où mon cadran me réveille et l’instant où je dois sortir de la maison pour aller prendre mon train, je mange 4 tranches de pain, avec du beurre d’arachides et un bon grand verre de lait.

J’essaie toujours d’arriver tôt, car le stationnement s’éloigne de minutes en minutes et donc la marche est plus longue avant de trouver mon siège pour le voyagement. Je suis assis pour près d’une heure, j’arrive quinze minutes avant le départ du train et je dois en attendre une dizaine supplémentaire après son arrêt au centre-ville, le temps de laisser les marathoniens quitter pour leur course. Après 20 minutes de marche, j’arrive le premier au bureau, je désarme le système et je laisse les lumières fermées, l’ambiance parfaite matinale. Le moment tant attendu, je brise le silence en démarrant la machine à café, je salive et mes narines ne font qu’un tirage pour s’approprier toute l’odeur de la tasse. Ma journée commence enfin.

Rien de très surprenant, j’ai besoin de 12 secondes après la première gorgée de paradis pour ressentir les effets laxatifs de la caféine. Malgré que ce soit la routine, ce n’est pas un matin comme les autres. Ce matin-là, c’est le début d’une nouvelle vie, mais je ne le sais pas encore.

C’est d’urgence que j’entre à l’hôpital, je ne reste pas assis 15 minutes dans la salle d’attente qu’on me fait voir un médecin. Pendant qu’il se présente, il habille ses mains de latex. C’est 3 jours plus tard que je sortirai de l’urgence, une touche rectale, une coloscopie et un diagnostic de colites ulcéreuses plus tard.

La science

Avant de quitter, on me donne une feuille, 8 ½ par 11, avec un petit paragraphe qui m’explique les types d’aliments à éviter pour favoriser la guérison:

  • Pas de sucre;
  • Pas de fibres;
  • Pas de légumes crus;
  • Pas de fruits ou légumes avec pelure;
  • Pas d’épices;
  • Pas de gras;
  • Pas de panure;
  • Pas de café;

À cette époque, je joue au soccer 2 fois par semaine, je suis entraîneur de soccer, je donne des cliniques de développement tous les vendredis, je suis dans le comité de l’association de soccer et je m’entraîne au gym 3 fois par semaine. J’ai les hormones dans le tapis.

Si vous m’aviez posé la question, je vous aurais dit que je mangeais bien. Mais avec du recul, je réalise beaucoup de choses. Ce que je pensais occasionnel est beaucoup plus fréquent que je voulais bien l’admettre. Des sachets de riz précuit un soir sur deux pour souper avec une bonne viande et l’autre soir, c’est des pâtes, avec de la bonne sauce d’épicerie. Une grosse poutine par semaine, les lundis, parce qu’on se rassemble avec le comité de l’association de soccer. Le vendredi, pas la peine de cuisiner, on se rassemble entre amis et on commande en gang, en buvant plus de bière qu’il en faut pour passer une belle soirée, le samedi, on est encore capable d’en prendre, why not coconut. Dans mes lunchs, des canettes de cocktails aux légumes épicés, des barres tendres et des sandwichs aux viandes froides, laitue iceberg, une bonne tranche de fromage orange et de la mayo, c’est pas de l’onguent.

L’autodidacte

Du jour au lendemain, je dois couper à peu près tout ce que je mange et bois pour favoriser la guérison. Je me crois bien renseigné et j’ai google à portée de main. Je coupe mes activités, je prends de la cortisone et je me fais un menu de champion.

Crédit Photo

Je vous permets tous les préjugés de la gente masculine. J’ai fait mes recherches sur le net et trouvé une liste infinie de “bonne idées”. Par contre, 3 mois plus tard, lorsqu’on m’apprend que je peux reprendre une alimentation plus normale et que je peux réintégrer tranquillement des éléments de mon choix, j’ai perdu 25 livres. Si j’avais eu du poids en trop, j’en aurais probablement fait une célébration, mais non, je me suis simplement mal alimenté et malgré que mon colon se soit amélioré, je ne peux pas en dire autant de ma santé.

La culture

Donc, j’ai le go, l’ultime autorisation du médecin, j’ai le droit de manger tout ce que je veux. En sortant de mon rendez-vous, j’arrête à mon lieu de culte, je me commande la grosse italienne avec extra-saucisses. J’ai peine à me contenir alors que j’attends le saint graal. J’ai pris pour emporter, je veux savourer dans mon doux nid intime. Tout le trajet de voiture est insupportable, j’ai l’estomac qui me frappe dans le ventre et ma bouche qui goûte à l’odeur qui se dégage des frites “maison”.

J’ai les émotions dans le tapis, la poutine, c’est le repas spécial, qu’on se payait de temps en temps étant plus jeune, pour faire différent, pour se gâter, parce qu’une fois n’est pas coutume. Sans m’en rendre compte, je me suis payé ce “spécial différent pour se gâter” chaque semaine, un geste inconscient qui m’a apporté je ne sais trop quoi vraiment, peut-être du réconfort, mais sans plus.

Bref, je me suis enfilé cette poutine avant que la petite aiguille n’ait le temps de boucler son cycle. Avant la fin de cette semaine-là, j’étais retombé dans mes habitudes. Peu de temps après, je retrouvais 12 des 25 livres perdues.

J’ai été hospitalisé à quelques reprises par la suite, sans jamais avoir le réflexe d’adresser quoi que ce soit d’autre que ce qui m’était prescrit par les médecins. Par contre, tranquillement, j’ai commencé à me questionner sur mon environnement et mon quotidien. J’avais mal à la bouche, de toujours devoir couper les saveurs riches pendant plusieurs semaines ou mois, pour ensuite retomber dans l’excès calorique. Mon gastroentérologue avait beau me dire que je pouvais manger ce que je voulais, il me semble qu’il y avait anguille sous roche.

La prise de conscience

C’est ce long choc intense qui m’a ouvert les yeux et j’ai décidé d’arrêter d’essayer de me prendre en main seul et de demander de l’aide à de vrais professionnels. C’est un peu malheureux, mais je dois admettre que c’est très typique, que d’attendre un événement marginal avant de finalement prendre une décision.

Et c’est dans une prochaine publication que je vous raconte tout ça!

En attendant, je vous invite à m’écrire en privé ou publiquement afin de me partager une partie de votre parcours. Avez-vous été capable de vous prendre en main sans électrochoc? Est-ce que votre éducation fait que vous êtes déjà sur la bonne voie? Êtes-vous déjà dans le doute, mais vous hésitez à faire des changements? Qu’est-ce qui vous manque pour le faire?

Pascal Lalonde

Mon histoire est banale, je n’ai rien d’un film hollywoodien et lorsque je m’expose au soleil, ma peau ne brille pas. Je suis un gars ordinaire. Je suis fier membre chez C2 depuis le début de son existence et j'espère pouvoir vous accrocher, autant sinon plus que moi à son image.